APERCUS DU LIMOUSIN

 

                           Une forêt, un pré, une montagne, une onde, sera ton héritage.(Ronsard.) Si cette randonnée est en kilométrage, la plus courte des 6, elle n’en n’est pas pour autant la plus facile. Avant d’atteindre le point culminant, Pompadour, situé à 421 m, qui peuvent prêter à sourire, il faudra escalader nombre de collines. Sur la carte Michelin, la porte de sortie de Brive, est le N° 7, celui de la N. 701, plus connue localement sous le nom de route d’Objat, ou route de Varetz.

                        Jusqu’au village du Burg, profitez des 13 km de plaine pour vous mettre en jambes, puis à gauche dans « le pays », hissez-vous tranquillement jusqu’à Ayen. Si vous commencez votre semaine par cette randonnée vous aurez de bons aperçus du «pays de Brive », car cette route offre de belles échappées sur l’horizon.

                        Peu avant le village d’Ayen, un très beau panorama s’offrira à vos yeux, et si la luminosité est bonne, ce dont nous ne doutons pas, nombre d'appareils photos, quitteront le sac ou la bandoulière. Vous êtes à la « Tranchée d’Ayen », ancien passage de chemin de fer, et vous découvrez une bonne partie de votre circuit de ce jour.

                       Si vous disposez de quelques instants, et si quelques centaines de mètres de côte supplémentaires ne vous rebutent pas, prenez à main droite : « point de vue-parking. » De là haut, vous jouirez d’un panorama absolument circulaire, et vous ferez exactement le point  sur le restant de la journée.

                     A Ayen, donnez entre autre un coup d’œil à l’église. Tout autour, vous verrez des « Enfeux » niches à fonds plat, destinées à abriter des tombeaux (Xve siècle).

                    Jusqu’à Juillac route tranquille, horizons changeants. Mais attention, l’itinéraire se complique un peu. Vous n’irez pas à Pompadour par la « grande route » ; il y a mieux à faire. A votre droite, la D.86, vous conduira vers Lascaux ; mais au bas de la descente, tournez à droite, pour rejoindre par une fort belle et « vraie route à cyclos » le bourg de Vignols. Vous l’aborderez par son coté le plus intéressant, qui vous fera découvrir le « grand pont », viaduc de chemin de fer de Rouchat, visible de fort loin, (sans doute l’avez-vous aperçu depuis Ayen), tel un jouet de maçonnerie, comme les pionniers du chemin de fer savaient en construire. Savez-vous que le bourg de Vignols était jadis en pleines vignes, d’où son nom ? Les amateurs d’architecture apprécieront aussi la forme très rare de l’abside de l’église : une coquille Saint-Jacques.

                      De Vignols, il faut encore se hisser par paliers, vers Pompadour ; de longues échappées sur les plateaux, un air plus vif que dans le bassin de Brive, nous font sentir le Limousin. Quoique largement attaquées par le remembrement ou l’exploitation, les châtaigneraies sont encore imposantes, et donnent une idée de l’étendue des forêts à l’époque où la châtaigne était la base même de la nourriture de nos aïeux, seule parade aux famines d’alors.

                      Pompadour, dont le nom évoque immédiatement celui de la favorite de Louis XV, fut offert à celle-ci en 1745, avec le titre de marquise. Seules les terrasses du château se visitent. Que l’on soit ou non amateurs de chevaux, il faut voir les étalons, à Puy-Marmont, face au château. Ces bêtes magnifiques, élevées dans un cadre unique, méritent une visite. Les haras de Pompadour, créés en 1761, sont devenus au siècle dernier le berceau de la race anglo-arabe. De même le cadre de l’hippodrome, tout proche mérite un arrêt. Il faut aussi signaler la jumenterie de « la Rivière » où sont élevés les poulains.

                    Pompadour sera sur votre route de ce jour, l’une des bourgades où il fait bon s’arrêter. A peu prés à mi-parcours, doté de tous commerces, c’est une bonne étape déjeuner. Si vous êtes en avance sur votre horaire ou souhaitez dévorer quelques kilomètres supplémentaires le matin, poussez alors jusqu’à Vigeois. 16 km vous séparent de ce bourg, bâti de part et d’autre des berges de la Vézère. Une agréable descente par la D.7 vous le fera bien découvrir, et vous pourrez vous relaxer les jambes sur un banc T.C.F. fort bien placé au plus beau point de vue. Après avoir passé la Vézère, si possible par le « vieux pont », sans doute une courte séance de « danseuse » ou l’emploi d’un petit braquet seront-il nécessaires pour vous hisser au cœur du village, place de l’église. Ici aussi, ravitaillement complet et étape agréable.

                   L’église est le seul témoin d’un lointain passé. Aux temps mérovingiens, les fils de Saint Benoît, vinrent s’installer dans le pays et commencèrent à le défricher. L’abbaye bâtie par la suite disparut au milieu du XVIIIe siècle. Reposés, restaurés, vous mettrez franchement le cap sur la route du retour.

                  Ne vous étonnez pas, si en cours de route, vous faites la rencontre de quelques pêcheurs de truites. Il reste encore de ces beaux salmonidés dans les nombreux ruisseaux de notre région. Au pont de Bleygeat, peut-être apercevrez-vous un homme dans l’eau. Observez-le. C’est sans doute un pêcheur « à la mouche ». Son attitude, son application, ses gestes précis ; sont dignes des poissons qu’il traque. Dans son genre, parfois à son insu, le pêcheur de truites est aussi, comme nous, un amoureux de la nature.

                 Toujours tranquilles, nos petites routes vous amèneront à travers bois, à Estivaux. De là ; à nouveau plongée sur la Vézère, dans ses gorges sauvages. Sur l’autre rive, des ruines : Comborn. Regardez, photographiez. Là aussi le T.C.F. avait placé un banc au bon endroit. Profitez-en. Ces installations anciennes sont rares, du moins chez nous.

                Comborn est l’un des nombreux châteaux que vous trouverez dans la région, berceau de familles illustres, les Ventadour, Blanchefort, Turenne, etc. Quoique parfois en ruines, ces vestiges du passé, d’un passé parfois violent, sont toujours importantes, voire émouvantes. Une belle grimpée dans les châtaigniers vous amène enfin sur un plateau, prés d’Orgnac, d’où vous amorcerez un mouvement descendant vers Voutezac. Profitez-en pour y faire contrôler vos cartes B.C.N. et B.P.F.

                   De là, vous commencerez à sentir à nouveau le « bassin de Brive ». Vergers et vignes remplacent bois et pacages. Voutezac, qui s’écrivait avant 1789, aussi « Boutezac », serait un dérivé de « Boutes », outres en peau de bœuf, dans lesquelles on transportait le vin. Et pourquoi pas, puisque tout prés de là, Vertougit était réputé pour ses vins. Il en fut offert à Henri IV lors de son passage, pour « arroser des crêpes de Malemort », et ce petit vin ne dut pas lui déplaire, puisqu’il le fit adopter à la cour.

                    Ces aimables pensées vous accompagneront sans doute pendant les 4 km de belle glissade jusqu’au Saillant, et se marieront fort bien avec la douceur des horizons. Au Saillant, vous retrouverez la Vézère, que vous franchirez sur un vieux pont à péage (plus de nos jours), dont les 6 arches ogivales sont munies d’éperons triangulaires. La chapelle du Saillant fut construite vers 1620 par Jean du Saillant. On peut voir sur la porte les restes de l’écusson de la famille.

                    Sur la rive droite de la Vézère, on peut voir une construction carrée, couronnée de machicoulis. C’est le château du Saillant, dont le frère de Madame, n’était autre que Mirabeau. On raconte, que venn s’y reposer en 1781, il dévalisait, pistolet au poing, les voyageurs attardés, «dans le but d’éprouver la solidité de l’édifice social » ! ! ! Par contre son frère, surnommé « Mirabeau Tonneau » se contentait…de cultiver l’excellent jus des coteaux d’alentour. Tout prés de là, en amont, un barrage E.D.F. retient les eaux de la Vézère, et a stoppé la remontée des saumons qui venaient jusque-là. Une courte grimpette nous amènera à Allassac, cité des ardoisières…à l’époque ou celles-ci étaient encore en pleine exploitation. Les montagnes de déblais, les piquets de clôture que l’on rencontre dans les prés et les champs, les nombreuses constructions faites avec cette pierre, donnent un caractère particulier à cette région.

                        A Allassac, vous serez frappés par la « Tour César », sévère et majestueuse. Elle remonte au Moyen Age ; c’était le donjon le plus important des châteaux de l’endroit. L’église est assez curieuse avec sa tour de défense surmontée d’un observatoire. Quelques vallons nous séparent de Donzenac, bâti à flanc de coteau. De belles échappées nous attendent peu avent l’entrée du bourg. Cette ancienne ville fortifiée a conservé de vieilles portes, remparts et demeures, et des vestiges Renaissance. Mentionnons l’église avec son clocher tour du XIVe siècle et la chapelle des Pénitents possédant un magnifique rétable.

                      Une fois n’est pas coutume. Vous allez emprunter une nationale, cette N.20 ? cette « route d’Espagne », assez chargée en cette saison. Prudence donc dans la descente, et au bas, sitôt franchi le pont, dit de « l’Hôpital », à droite toute sur la plus tranquille et…plate D.170. 5km plus loin, tournez à gauche vers Brive ; la dernière côte vous attend, compensée par une agréable descente, qui vous amènera, beaux coups d’œil à l’appui, vers un repos bien gagné.