VERS LES MONEDIERES

                                 

Cette randonnée conduira les cyclos dans la « Montagne Corrézienne » mais prenons garde d’entendre par-là cols vertigineux et folles équipées. Ne la sous-estimons pas non plus, ses monts culminants à 1000 mètres, réservent aux plus avertis des raidillons prompts à leur courber l’échine…

                                

Amis, un dernier mot avant d’entreprendre sa conquête : si d’aventure l’air vif vous grise, si le silence vous hante et les eaux claires vous fascinent, c’est que le respect vous sera venu pour cette contrée qui se meurt, à peine sortie du XIXe siècle. Et peut-être commencerez-vous à l’aimer…

· USSAC

                              

Du carrefour Carriven, prendre l’avenue Pasteur et la quitter sur la gauche, avant qu’elle ne redevienne la N.20, par la D.57 en direction d’Ussac. C’est un curieux lacis enchâsse dans les grès et la verdure qui nous convoiera jusqu’à ce bourg, non sans manifestations de dérailleurs !

A voir : Eglise et point de vue sur le bassin de Brive.

· TRAVASSAC

                            

D’Ussac à Travassac, la route (D.170) longe la vallée du Maumont jusqu’à la N.20 qu’elle coupe. De là, la vallée se creuse, devient gorge sinueuse noyée de sombre et la D.25 ne s’en dégagera que par une solide rampe, mais nous serons arrivés « au pays des ardoisières ».

                           

Travassac, noir comme au fusain, avec ses toits pentus, ses carrières profondes et inquiétantes comme l’enfer d’où saillent de gigantesques blocs d’ardoises, offre un bien étrange contraste avec le riant point de vue qu’il découvre. Gageons que l’inattendu troublera les plus impatients pédaleurs ! 

· SAINTE-FEREOLE

Toujours par la D.25, changeons de coteau.

Pas de montagnes, des collines.

Pas de fleuves, des rivières et des ruisseaux.

Pas de lacs, des étangs, l’eau pensive des barrages.

Pas de forêts, des bois.

Pas d’azur infini, mais un ciel soucieux.

Un décor neuf…

                             

A Sainte-Féréole pas de clinquant ni de gigantisme, tout est frais, vert. Le fort beau point de vue qui s’étend, loin aux communes voisines, nous consolidera dans cette impression.

· SEILHAC

                               

Suivons à présent la D.44 qui, sans à-coups, va nous hisser vers la moyenne Corrèze, prélude à la « Montagne ». Nous passerons ainsi un premier lieu-dit : Laborde, puis un important carrefour, Lachamp. Mais tout à coup, changement brutal : La route se faufilera sous une voûte de verdure et bon nombre de cyclos, sensibilisés par les ombres dansantes et la quiétude du sous-bois, en mettrons la fleur à la bouche. Les moins euphoriques, ceux qui échapperont à l’envoûtement, risqueront un arrêt à Saint-Clément ou un détour à Lagraulière (très belle église du XIIe siècle). L’arrivée sur Seillac devrait être pour tous – forcenés ou poètes du cycle – une très agréable « envolée ».

Seillac, chef-lieu de canton est situé à 549 m d’altitude ce qui représente une élévation de 400 m en 40 km.

A voir : Pierre monolithe dite « Pierre Bouchère ». Eglise intéressante maintes fois restaurée (XVIIe et XVIIIe siècles). Château et surtout Lac de Bournazel*, bénéficiant de tous les aménagements modernes, attachante aigue-marine sertie dans un carcan de bocages, de châtaigneraies et de plages sablonneuses.

            

Une terre qui a beaucoup servi ;

            Une terre trop rapiécée ;

            Une terre entre le temps et l’an 2000.

            Une terre qui se refuse au désert Français…

 

· TREIGNAC

                       

Abandonnons à regret le pays natal du capitaine De Bournazel, alias « L’Homme Rouge », ce fameux héros qui mourut au Maroc, lors de la guerre du Rif. S’élevant dans un embrouillamini de buissons fauves, de chemins creux et de rûts, de pacages et de futaies, c’est une nationale, la 140, qui nous conduira jusqu’à Treignac par Chamboulive (qui fut chef-lieu de canton de la Révolution au Consulat) et Le Lonzac (Rétable du XVIIe siècle). Treignac sur Vézère, coquette cité érigée en espalier vous charmera avec ses toits pointus et asymétriques, son lac sauvage où glissent de petits voiliers, son dynamisme estival. Treignac, c’est aussi la porte des Monédières, le dernier bosquet luxuriant avant la « Montagne Corrézienne ».

 

A voir :

                      

Barrage et retenue de Treignac (baignade surveillée). Point de vue. Eglise Saint-Martin (Vitraux du Maître Fleury). L’Hôtel de ville (ex-chapelle N-D de la Paix :1626). Maison natale de Charles Lachaud (qui illustra le barreau français). Le collège « établissement qui a une histoire et une réputation ». La Chapelle des Pénitents (1662). Nombre de vieilles rues et demeures très pittoresques.

· LES MONEDIERES : LE MONT SUQUET AU MAY***

                      

Mais reprenons les bicyclettes, un col reste à gravir par la N.691 qui ne se veut ni alpin, ni infranchissable mais à la mesure du massif qu’il pénètre : obtus, immuable et mystique comme la nuit des temps. Il faudra transpirer pour pénétrer ce sanctuaire de la nature, pour parvenir à ces landes flamboyantes où expie en silence l’âme des anciens génies, folles et druides qui peuplèrent ce lieu, il y a des siècles. César réduisit en cendre l’immense forêt qui, telle une toison gigantesque, recouvrait ces croupes granitiques et avec cet autodafé disparut l’élite spirituelle ainsi que la résistance de l’antique Gaule. Ce qui en réchappa – ou qui se reforma – fut anéanti de la même manière lors des Guerres de Religions…Aujourd’hui, le massif entier n’est plus qu’un désert inquiétant où la bruyère se hérisse et danse comme des feux follets quand vient le crépuscule.

                              

Hameau plus que village, Lestards, sommet du col, s’assemble autour d’une petite église oubliée. Une église rustique dont les basses voûtes plusieurs fois séculaires, les boiseries rognées d’usure, sonnent encore sous les sabots des Croquants… Mais les plus ardents serons loin, déjà à la Table d’Orientation (par D.128), point culminant de notre randonnée (911 m) contemplant l’extraordinaire panorama (qui s’étend jusqu’aux Monts d’Auvergne) ou cueillant des myrtilles sur les pentes du Suquet au May.

                           

« En Corrèze, l’amour n ‘est pas aveugle. Il ne peut se passer de regarder, tant il y a de belles choses à voir. Souhaitons-lui même d’avoir la vie longue, car lorsqu’il gravit les monts du jour, c’est-à-dire les Monédières, il découvre une telle étendue de pays, une telle diversité d’horizons, qu’il peut, au sommet, prendre possession de la nature tout entière dans sa lumineuse variété. Pas besoin d’une longue ascension. Une douce promenade et la conquête des paysages est faite. L’âme austère avec les monts, la tendre avec les vallées, car le pays Limousin offre tous les aspects comme il porte toutes les cultures. Il résume les voyages. » Que pourrions-nous ajouter à ces paroles d’Henri de Jouvenel qui ne soit dit ou sans saveur ?

·CHAUMEIL

                             

Les cylos amorceront à présent une longue descente (par D.32) qui ne prendra fin qu’à Brive même. Peu avant Chastagnol (Maison natale du Général Billot :1828-1907), ils retrouveront la verdure et elle ne cessera plus désormais de les suivre. A Chaumeil, nouvelle halte impérative. C’est que nous sommes en « Capitale Limousine ». La capitale du folklore corrézien dont Jean Ségurel est le troubadour et l’ambassadeur sans pareil. Les cyclos amateurs de belles réalisations, pourront flâner dans son parc, déguster le « tourtou aux myrtilles » ou bien même « piquer une tête » dans sa baignade si personnalisée !

           

 …Moins une terre qui fait des hommes

            Que des hommes têtus qui font vivre une terre.

                          

Si l’heure est à la collation, laissez-vous tenter par une truite excellemment préparée ou par quelqu’autres mets. La gastronomie locale possède de quoi réjouir le plus fin gourmet…

· CORREZE

                          

De Chaumeil, glissons sans effort jusqu’à Saint-Augustin (D.32), puis atteindre Corrèze (D.26), en abandonnant sur notre droite Meyrignac l’Eglise, son étang et son environnement douillet. Curieusement bâtie autour de la rivière du même nom, Corrèze est truffée des vestiges de son passé que l’on retrouve au hasard des rues. Styles et époques se heurtent mais ne choquent point, tant suivre l’histoire sur ces pierres est aisé. Une histoire faite de violence et de paix mais surtout d’un farouche espoir de vivre !

 

A voir :

                      

Médiéval. – Anciens remparts, Porte Saint-Martial, vieille maisons, Eglise Saint-Martial, la Chapelle N.-D. du Pont du Salut (Xve siècle).

Renaissance.- Vieil hôtel des Princes de Ronan (1594).

Contemporain. – Lac et piscine sur la Correze.

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GIMMEL***

                    

Ses cascades célèbres ont été classées « 2e grand prix » par le T.C.F. Pour y parvenir suivre la D.26 (couper la R.N.89 à Corrèze-Gare), bifurquer peu avant Saint-Priest-de-Gimel (D.53) sur Touzac et Gimel. (Voir au passage étang de Ruffaud.) Gimel, en quelque sorte deuxième aboutissant de la randonnée, c’est une bréche formidable, une plaie de granit aux lèvres hirsutes, rongées de végétation où s’engouffre en un fracas épouvantable l’écume blanchâtre d’un torrent fou : la Montane. 143 mètres de chute en trois sauts gigantesques, pour disparaître, happé par le gouffre de l’inferno : impressionner mais aussi ravir les fanatiques de la diapositive. Gimel, c’est aussi un bourg remarquable par son site, son architecture et ses richesse historiques. L’Eglise du Xve siècle possède un trésor et une châsse d’une valeur exceptionnelle.

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TULLE**

                   

La route de Gimel à Tulle  (D.53E) est des plus pittoresques. Accrochée à flanc de coteau entre une denture de rocs ébouriffés et ravin où s’acharne la Montagne, la « route touristique » vous précipitera au bout d’une longue descente en lacet, jusqu’à Tulle « La Cité des nuits toujours fraîches », capitale adminitrative du département, verrou du « Pays Vert » à l’encontre de Brive qui préfigure davantage le Périgord. Tulle , avec ses toits d’ardoises flanqués à vau l’eau de la Corrèze ou s’agrippant sur les flancs escarpés des collines, rivalise d’audace avec une vallée aussi belle que perfide. Mais plus encore que le site, ce qui force l’admiration chez nos amis de Tulle, c’est l’âpreté de leur désir d’expansion qui leur permet de faire jaillir, comme des fleurs blanches, nombreux bâtiments, là où était le roc. Ce n’etait pas mince affaire et le vieux clocher de la Cathédrale peut se dresser d’orgueil : l’ancien pays Tullois est devenu avec éclat, le moderne pays Tullistes !

 

A voir :

                        

Cathédrale Notre-Dame (origine XIIe siècle), cloître, ancien quartier, la maison de Loyac (Xve siècle). Pour les cyclos non rebutés par quelques kilomètres de côte, après un si long périple, le rétable de Naves* (N.120) est une œuvre d’art exeptionnelle (XVIIe siècle).

                        

La randonnée prend fin, de Tulle à Brive, il ne reste qu’une trentaine de kilomètres (N.89) et sans doute les cyclos profiteront-ils du faux-plat pour actionner les grands braquets. Nous ne pouvons que leur conseiller après de si riches heures de tourisme et de vraie nature. Toutefois, le « poète de la petite reine » ne manquera pas de découvrir encore, les charmes de cette nationale qui lie son sort à la rivière, tantôt une saignée dans le roc et la verdure, tantôt un rayon de soleil sur un méandre de la Corrèze, tantôt un village sur la colline (citrons : Cornil et Aubazine), il ira d’étonnement en émerveillement et pour lui il n’y aura pas d’heure trop tardive, et celui-là, nous sommes certains qu’il reviendra. 

 

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