VALLEE DE LA VEZERE
JACQUOU LE CROQUANT
Généralement le profil de cette randonnée sera assez faible sauf sur la fin. Nous suivrons en grande partie le chemin de nos très lointains ancêtres, la vallée de la Vézère ayant été chacun le sait un haut lieu de la préhistoire. Ici, rien de farouche, ni de désolé – seul la seconde partie, par le rappel des luttes paysannes dont Lherm fut l’un des épisodes mettra une touche guerrière dans ces paysages pleins de douceur.
Il serait facile, mais banal de serrer la Vézère dès la sortie de Brive en empruntant la N.89 jusqu’à Terrasson. Laissons à Larche cette route large et plate, « débarrassée » des arbres qui la bordaient pour un aménagement du trafic automobile, à ses utilisateurs normaux. Poussons nos deux roues vers la route de Sarlat (la D.60) qui nous fera découvrir sous un angle neuf le Bassin de Brive, jusqu’à Chavagnac. En cours de montée, on distinguera fort bien la percée de la Vézère, théâtre de proches randonnées vers le Limousin, et de beaux horizons vers l’Yssandonnais que nous visiterons aussi bientôt. Pour mieux voir encore, rien ne s’oppose à ce que nous montions dans la tour de Chavagnac (XIIIe) puis rejoignons Terrasson par une route de crête, la D.63 qui domine la Vézère et laisse voir le moutonnement des collines boisées du Sarladais.
C’est par le haut du « Vieux Terrasson » que nous arriverons, distinguant fort bien les deux villes, la « moderne » s’étant installée dans la vallée, que nous rejoindrons par une descente rapide. On peut voir l’église abbatiale (porte du Xve) et le « vieux pont » sur la Vézère. Ne traversons pas la rivière, ce qui nous ferait reprendre la N.89. En descendant de la « vielle ville » au stop il y a à gauche une fort bonne route de rive qui nous conduira à Condat.
Dans ce bourg, vieilles demeure, églises fortifiée. Nous continuerons sur cette même petite route, et, si nous ne « brûlons » pas le haut de la côte nous saurons repérer le beau promontoire sur la Vézère qui permet de reprendre souffle pour la joie aussi de l’œil et de l’objectif. Descente sur Aubas où une digue pneumatique permet de régulariser quelque peu les écart de niveau de la Vézère, puis plaine jusqu’à Montignac. Du pont, in aura une belle vue sur les quartiers riverains, les restes du château et l’église (XIIe-XIVe-XVIIe siècle). Montignac était justement réputé pour les belles grottes de Lascaux toutes proches. Malheureusement, celle-ci ont dû être fermée au public en raison de dégradations aux peintures par les trop nombreuses, provoquant des changements importante de température et d’humidité. Ne changeons toujours pas de rive. La D.65 serre la rivière au plus prés et nous fait passer tout prés des châteaux de Puy-Robert, Losse et Belcayre, avant d’arriver à Sergeac. Siège d’une ancienne commanderie des Templiers, ce village possède aussi une belle église romane et une croix du Xve siècle finement sculptée. Il est intéressant de pousser jusqu’à Castel-Merle, qui offre, outre un beau promontoire sur la Vézère, un musée préhitorique et des grottes. Nous sommes arrivés au cœur « de la nuit des temps ». Nous redescendons à Thonac (d’où les amateurs de documentation moderne, pourront satisfaire leur goût en allant à 2 km de là au Thot, centre d’art préhistorique) reprendre la route normale, et couperons la rivière à Saint-Léon-sur-Vézère. Il se dégage de ce bourg, cette impression de « bon vivre » si particulière au Périgord. Que nous voilà loin des grandeurs un peu désolées des « Monédières » ou de certaines vallées, belles mais sévères, du « Limousin » ou de la « Xaintrie ». Ici l’église romane, le château de Clerans couverts de « Lauzes » donnent une touche chaude et tranquille que ne peut atténuer la présence d’une « Lanterne des Morts » à la petite chapelle. C’est la N.706, qui finira de nous conduire aux Eyzies-de-Tayac, par une belle descente, à travers les taillis.
Vous êtes arrivés à la « Capitale de la Préhistoire » et pour bien vous le rappeler, un « échantillon » de nos ancêtres nous accueillera, lourd géant de pierre réalisé en 1931 par le sculpteur Paul Darde, d’après le squelette Moustérien découvert à la Chapelle-aux-Saints en Corrèze. Nous ne concurrencerons pas tous les ouvrages existants sur cette ville et ses environs, mais ne pouvons résister au désir de vous faire prononcer ces noms qui chantent, qu’ils indiquent des gisements, abris, grottes ou concrétions : Font-de-Gaume, Combarelles, La Mouthe, Bernifal, Laugerie, Lamiroque, Cro-Magnon, Gorge-d’Enfer. L’Abri-du-Cap-Blanc n’est qu’à 6 km et Bara-Bahau (évocation du Pacifique) à 10 km. Nous vous disions bien que nous étions au cœur de l’incommensurable.
Profitez tout de même de vôtre arrêt aux Eyzies pour faire aussi viser vos cartes B.C.N.-B.P.F. Il nous faut, provisoirement du moins, quitter la rivière. Nous en remonterons un peu le cours avant de nous enfoncer pour une longue étape vers la Forêt-Barade. Une douce pente nous amènera par Fleurac, agréable petit hameau, vers Rouffignac, qui à la saison s’annonce par une agréable odeur de fraises tant la culture de ces fruits y est développée. L’église est fort belle et la décoration profane du porche surprendra. La grotte des « Cent Mammouths » arrêtera peut-être au passage les irréductibles de préhistoire, pour ses gravures au trait. Un crochet sera nécessaire pour visiter le château de Lherm. Nous sommes en plein roman d’Eugène Leroy et Jacquou le Croquant est partout présent, dans sa forêt, cette Forêt-Barbade (qui veut dire Forêt Fermée) dont nous apercevons l’étendue.
Nous avons connu le château de Lherm, il y a quelques années par nos amis cyclos de Périgueux, lors d’une concentration de Pentecôte. Ce n’était encore qu’un lieu sauvage et libre, les recherches commençant seulement pour le dégager de la végétation envahissante, et les commentaires furent faits, fort bien d’ailleurs, par nos hôtes. Aujourd’hui, vous pourrez visiter très en détail cette bâtisse, aménagée, close et…payante, mais qui en vaut toujours tout autant la peine. Ce fut un lieu séculaire de crimes familiaux depuis sa construction en 1512. Il n’empêche que les tours crénelées sont belles, les horizons vastes, l’escalier à vis et les cheminées monumentales magnifiques.
C’est encore à travers la forêt que nous rejoindrons Thénon, où nous éviterons la N.89 pour longer la Nauze sur la D.67 par Aurac enPérigord. Nous remonterons ensuite le cours de la Vézère, face à Aubas vu ce matin, et amorceront la boucle du huit qui nous ramènera vers Brive, à Condat. C’est maintenant la Vallée du Coly que nous remonterons et nous irons jusqu’à sa source. Ses eaux rappellent celles de l’Ouysse, rencontrée souvenons-nous à Lacave à 35 km environ à vol d’oiseau, de là. Nous nous sommes laissé dire qu’il n’a jamais été possible d’explorer à fond ce mini lac d’où sort le Coly.
A présent nous tournons franchement le dos à tous ce qui ressemble à cette verte vallée de la Vézère. Nous allons repasser tout prés du Causse de Martel et vous engageons a prêter bientôt attention à votre itinéraire. Il va se compliquer un peu, le profil vous rappellera que nous rentrons en pays Brivois, mais les quelques kilomètres de retour seront assez originaux pour que vous ne nous en teniez pas rigueur, au contraire.
Vous roulerez toujours sur de bonnes routes goudronnées, passerez au cœur même de quelques villages, surprendrez sûrement leurs habitants…et quelques braves chien de campagne. Au passage des noms qui « sonnent bien » : Lacasagne, Jayac, Nadaillac, Chartrier-Ferrière (où il s’extrayait du minerai de fer jadis) Chasteaux perché sur un piton, déjà vu par les cyclos du « raccourci de Rocamadour ». Une grimpette jusqu’au Chauzanel et … roue libre ou presque jusqu’à Brive, où nous rentrerons entre la N.20 et la N.89, directement en ville. Au passage, entre Lassartie et la ville, vous trouverez une piscine. Si le cœur vous en dit…